Par Arianne Harell
Tatoueuse professionnelle, Margaux Vander Noot signe par des dessins la peau des habitants de Saint-Barth. À travers son art, elle transforme des envies et des moments en souvenirs indélébiles.
À Saint-Barth, les œuvres de Margaux Vander Noot rencontrent un succès fou. Des centaines de personnes exhibent sur leurs bras, leurs jambes ou leur torse, ses dessins permanents, aussi appelés tatouages. “L’île est petite, donc tous les jours je croise des gens dans la rue avec mes tatouages, sourit Margaux. C’est super gratifiant.” La trentenaire, elle, ne possède qu’un seul petit tatouage sur le poignet. “Je dois être la tatoueuse la moins tatouée”, s’amuse-t-elle. Ce dessin, malgré sa petite taille, n’a pourtant rien d’insignifiant puisque c’est le point de départ de sa carrière.
Un goût pour l’art
Margaux a toujours baigné dans le monde artistique. Petite, elle passait des heures à dessiner sous le regard bienveillant de sa mère : Véronique Vander Noot, artiste peintre reconnue sur l’île. A l’âge adulte, elle se lance dans l’art culinaire, en proposant des sculptures sur gâteaux. Toujours rien à voir avec le tatouage. Mais à l’aube de ses 27 ans, Margaux reçoit un bon cadeau pour un tatouage. Elle partage au tatoueur sa passion pour le dessin et lui montre un de ses projets. Emballé par son talent, l’artiste tatoueur Karas Tattoo lui suggère de la prendre sous son aile pour la former à ce métier.
Margaux accepte et fait ses premières armes sur une banane, ainsi que des peaux d’entraînement avant de s’attaquer à la cuisse de son formateur, son premier “brouillon”. Ses amis proches, confiants quant à ses talents de dessinatrice, se mettent à sa disposition pour être ses “cobayes”. Et très vite, après trois mois d’entraînement, son formateur estime que Margaux est prête pour faire facturer ses tatouages. Pendant deux ans, elle collabore au sein de ce “shop” et bénéficie d’une formation en continue de qualité : “Il m’a vraiment suivi au quotidien sur tous mes clients pour m’améliorer, pour me transmettre ses techniques.”
“ Le tatouage devient une étape dans ce nouveau départ.”
En 2020, Margaux reprend les clés de ce local de St-Jean et crée sa propre entreprise “St-Barth Ink”. Connue pour son professionnalisme avec sa boîte d’art culinaire, Margaux possède déjà un réseau sur l’île. “Saint-Barth ça va très vite, le lendemain tout le monde sait qu’il y a un nouveau tatoueur, résume Margaux. Il faut alors faire ses preuves.” Au fil des ans, Margaux s’est constituée une clientèle fidèle de locaux qui la sollicitent pour des pièces de taille comme un tatouage sur le bras entier, le dos complet ou même pleins de petits tatouages sur tout le corps. Les saisonniers eux, aiment repartir avec un souvenir de cette île qui les a marqués.
Tous ceux qui sont passés entre les mains expertes de Margaux ont pu apprécier l’atmosphère conviviale qui règne dans son “shop”. Depuis 2022, les clients sont accueillis par Eva. “ Au départ, c’était une cliente, puis c’est devenue mon assistante, mon binôme, mon amie”, retrace Margaux. Grâce au dynamisme et la bienveillance de ce duo, le “shop” est devenu bien plus qu’un salon de tatouage : “C’est une histoire de partage, de bonne humeur, où les clients repartent avec un tatouage, mais surtout un souvenir.”
Pour chaque prestation, Margaux tient à prendre le temps de discuter avec le client en amont. “J’ai toujours un temps dédié au partage pour comprendre les attentes et préparer le dessin”, précise la tatoueuse. Lors des séances, Margaux offre aussi une écoute bienveillante. » Très souvent, les gens viennent avec une histoire particulière, parfois compliquée, une histoire de changement de vie, explique Margaux. Le côté humain du métier prend alors tout son sens. Et le tatouage devient une étape significative dans ce nouveau départ. »
Une constante évolution
Grâce à son savoir-faire, Margaux imagine un avenir rempli de possibilités. La tatoueuse prévoit de participer à des concours, des conventions pour poursuivre son évolution dans le métier. Elle espère rencontrer de nouveaux tatoueurs, découvrir de nouvelles techniques, d’autres styles d’art et de tatouage, mais surtout : “ échanger la passion du métier avec des artistes venant du monde entier”. Pourquoi se mettre des barrières après tout ? Peu importe le support, Margaux trouvera toujours le moyen d’exprimer son art.